Rosneft devient un géant mondial du pétrole en s'emparant de la filiale russe de BP
L’acquisition de TNK-BP pour un montant estimé à 61 milliards de dollars permettra au premier pétrolier russe Rosneft de devenir l’un des premiers producteurs de pétrole au monde, devant l’américain ExxonMobil.
Rosneft s’apprête à changer de dimension. Le groupe russe va devenir l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole avec l’acquisition de 100 % de TNK-BP. Officiellement annoncée hier, l’opération sera réalisée par la reprise simultanée des participations du britannique BP et du holding AAR, qui détiennent aujourd’hui chacun 50 % de TNK-BP. D’un montant global de 61 milliards de dollars selon Rosneft, cette transaction se classera au 3 e rang dans l’histoire du pétrole, après les rachats en 1998 de Mobil par Exxon et de Amoco par BP.
Rosneft a ainsi confirmé avoir conclu avec AAR, qui regroupe les intérêts de 4 oligarques russes, l’acquisition de leur participation en cash pour 28 milliards de dollars. La reprise des 50 % de BP sera réalisée par le biais d’un montage plus complexe : au final, le britannique sera rémunéré à hauteur de 12,3 milliards de dollars en cash, et pour le solde en actions Rosneft, représentant une participation de 18,5 % au capital du groupe public russe. La transaction s’effectuera en deux temps : BP recevra d’abord 17,1 milliards de dollars en cash et 12,84 % en actions de Rosneft. Le pétrolier utilisera ensuite une partie du cash reçu, soit 4,8 milliards de dollars, pour acheter 5,66 % supplémentaires de Rosneft, au prix de 8 dollars par action. Au terme de l’opération, BP détiendra 19,75 % du groupe russe : les 18,5 % reçus lors de cette opération viendront s’ajouter aux 1,5 % que le britannique possédait déjà dans Rosneft. BP devrait obtenir 2 sièges au conseil d’administration.
Cette transaction permettra au britannique de se sortir d’une alliance devenue compliquée tout en gardant un intérêt dans les immenses réserves russes, notamment en Sibérie et dans l’Arctique. L’opération conduira aussi le Kremlin à renforcer sa mainmise sur les ressources en hydrocarbures du pays tout en poursuivant une stratégie « nationaliste » entamée depuis plusieurs année par Vladimir Poutine (lire ci-dessous). Le président russe s’est félicité hier de l’opération, la jugeant « importante pour l’économie russe ».
Ascension fulgurante
La société d’État créée en 1993 avait déjà connu une ascension fulgurante à partir de 2005, grâce aux actifs de Ioukos rachetés après l’emprisonnement de Mikhaïl Khodorkovski, ex-propriétaire de la compagnie. Avec TNK-BP, sa production d’hydrocarbures passera de 2,6 à 4,4 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j), selon les estimations de la Société Générale pour 2012. Rosneft deviendra du coup l’un des premiers producteurs de brut de la planète. Encore loin derrière des compagnies nationales comme le saoudien Saudi Aramco (9,1 millions de baril par jour de brut), mais devant ExxonMobil (4,3 Mbep/j).
Evaluée à environ 113 milliards de dollars, sa capitalisation boursière restera néanmoins largement inférieure à celle d’ExxonMobil (425 milliards de dollars) à l’issue de l’opération.
Le titre comporte en effet des risques. Introduit à la Bourse de Moscou et de Londres en 2006, Rosneft est toujours détenu à 75 % par l’État russe, même si le vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov a affirmé que l’État a vocation à réduire sa participation dès l’an prochain. Rosneft, qui devra débourser plus de 40 milliards d’euros en cash pour l’opération, a indiqué qu’il les financerait « grâce à un mix entre ses ressources propres et de nouveaux emprunts ». Selon la Société Générale, le groupe affiche déjà une dette nette de 20 milliards de dollars.
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