Biomasse : Delphine Batho évoque des pistes de réflexion
Lors de la présentation des résultats de l’appel à projets 2012 du fonds chaleur, la ministre de l’Écologie a évoqué le rôle de la biomasse dans la transition énergétique. Un redéploiement du soutien public en sa faveur se dessine.
Jeudi 20 septembre 2012, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a présenté les résultats du quatrième appel à projets national Biomasse chaleur industrie agriculture tertiaire (BCIAT) du fonds chaleur géré par l’Agence.
Au delà de la présentation des grandes lignes des 22 projets retenus, le rendez-vous a surtout été marqué par la présence de la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, qui a précisé certains éléments de la stratégie biomasse du gouvernement, laissant présager en creux un soutien accru en faveur des projets locaux. Les autres énergies renouvelables, en particulier lorsqu’elles bénéficient de tarifs d’achat, pourraient faire les frais de cette politique.
“Toute sa place dans la transition énergétique”
“La chaleur renouvelable et la biomasse doivent jouer un rôle crucial” pour atteindre l’objectif français de 23% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique français en 2020, a estimé la ministre. Elle a ainsi confirmé la volonté affichée en clôture de la conférence environnementale par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de soutenir les réseaux de chaleur et la biomasse. “La biomasse a toute sa place dans la transition énergétique”, a synthétisé Delphine Batho.
En premier lieu, la ministre a assuré que “la volonté du gouvernement et de l’Ademe [est] de préserver les moyens du fonds chaleur”. Selon l’AFP, le budget du fonds devrait être de 220 millions d’euros en 2013, contre 235 millions en 2012. Plus globalement, le budget de l’Ademe devrait baisser de 1%, ce qui constitue “un effort” puisque la norme est une baisse de 2,5% dans le cadre du redressement des finances publiques. Le Fonds chaleur représentera 37% des engagements de l’Ademe. De même, la ministre a assuré qu’elle souhaite “sanctuariser” le Fonds et qu’il y aura un après-2013, échéance du Fonds.
Vers la fin des appels d’offres de la CRE ?
Delphine Batho a par ailleurs avancé des pistes pour assurer l’approvisionnement en plaquettes forestières des projets biomasse. Elle est notamment revenue sur les difficultés d’approvisionnement dans certaines régions et tout particulièrement lorsque des projets de sites de production d’énergie à partir de biomasse ont été retenus dans le cadre des appels d’offres lancés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
La ministre prend-elle ses distances vis-à-vis de ces appels d’offres ? Pas officiellement. Elle a expliqué être “à l’écoute des régions”, indiquant néanmoins que le recours à la biomasse lui semblait plus opportun pour la production de chaleur que pour la cogénération. Quant à savoir si la réflexion du gouvernement pourrait aboutir sur la fin des appels d’offres CRE, la ministre n’a pas nié que l’option est étudiée. “On va regarder”, a-t-elle sobrement répondu.
Elle a par ailleurs confirmé, conformément à ce qui a été annoncé lors de la conférence environnementale, qu’elle travaillait avec Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, à une stratégie d’ensemble de la filière bois. Un Comité de filière bois devrait faire des propositions basées, notamment, sur un fonds bois carbone dont les détails n’ont pas été précisés.
L’Ademe plaide pour la biomasse
L’Ademe a elle aussi saisi l’occasion de la présentation des résultats du fonds pour mettre en avant certains de ses avantages, comparativement à d’autres outils de soutien aux énergies renouvelables.
Le premier argument de poids concerne le coût pour les finances publiques. Les résultats du fonds “sont obtenus à un coût pour les finances publiques qui peut être considéré comme particulièrement performant”, souligne l’Agence qui précise que “sur la base du bilan 2009-2011 et d’une durée de vie de 20 ans des équipements financés, le montant d’aide Ademe consacré à la tonne équivalent pétrole annuelle renouvelable produite est d’environ 40 euros (3,40 euros par mégawatheure)”. Un ratio d’aide moyen sur 20 ans qui tombe à 19,50 euros par tep et 1,70 euro par MWh pour les 22 projets retenus en 2012.
Autant de chiffres qui ont permis à Virginie Schwarz, directrice exécutive des programmes de l’Ademe, d’attirer l’attention sur le faible coût de ce soutien public comparativement aux coûts associés aux énergies renouvelables bénéficiant des tarifs d’achat. Si les tarifs d’achat de l’éolien et du photovoltaïque n’ont pas été explicitement nommés, ils étaient sans aucun doute dans tous les esprits.
Autre avantage, le fonds chaleur soutient des projets locaux créateurs d’emploi. “Les seules installations biomasse aidées dans ce cadre – à hauteur de 600 millions d’euros, en intégrant les perspectives pour 2012 – (…) représentent 5.000 emplois pérennes pour l’exploitation et l’approvisionnement”, explique l’Ademe, ajoutant qu’“elles génèreront sur leur durée de vie 240 millions d’euros par an de chiffre d’affaire auprès de la filière forêt-bois pour cet approvisionnement, tout en évitant l’importation de produits pétroliers pour un montant largement supérieur“.
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