Bataille de chiffres sur le potentiel éolien terrestre français

Bataille de chiffres sur le potentiel éolien terrestre français

C’était l’une des mesures du Grenelle de l’environnement. Les 22 régions métropolitaines françaises ont publié en septembre dernier leur schéma régional éolien (SRE) définissant le potentiel de développement de l’éolien terrestre sur leur territoire. Résultat : la France pourrait théoriquement accueillir quelque 28 GW de puissance installée en 2020, bien au-delà des 19 GW visés par le gouvernement… Mais les chiffres sont à prendre avec d’infinies précautions : les contraintes administratives, économiques et sociales tirent les chiffres à la baisse, précise une note sur les SRE présentée par CDC Climat, le centre d’analyse et de recherche sur le climat de la Caisse des Dépôts, ce mardi 17 octobre.

4 fois la puissance installée en 2012

Sans surprise, ce sont les régions déjà bien équipées et situées dans les zones les plus avantageuses qui affichent le potentiel de développement le plus important. Ainsi, la Champagne-Ardenne et la Picardie, déjà les plus en pointe en 2012, se retrouvent en tête du potentiel théorique en 2020 avec respectivement 2870 MW et 2800 MW.

 

Potentiel théorique des régions métropolitaines françaises. (Source : CDC Climat)

La plupart des régions affichent une marge de progression très importante : l’Aquitaine, par exemple, a un potentiel théorique de 1145 MW en 2020 alors que le territoire ne compte aucune turbine en 2012. De même, l’Île-de-France pourrait passer de 6 MW installés à 540 MW, soit près de 100 fois la puissance actuelle.

Le Languedoc-Roussillon présente le volume de puissance le plus important encore à installer avec 2065 MW. Son potentiel théorique est de 2500 MW en 2020 pour une puissance installée en 2012 de 435 MW. Au final, et théoriquement, la France pourrait donc quadrupler son parc installé en 2020, en passant de 7 GW aujourd’hui à 28 GW.

Seule la Lorraine semble avoir déjà épuisé une bonne partie de ses ressources éoliennes. La région retient un potentiel de 749 MW, soit à peine 10% de plus que sa puissance déjà installée en 2012 qui est de 678 MW.

Un potentiel réalisable bien moindre

A côté du potentiel théorique, six régions françaises – Languedoc-Roussillon, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Île-de-France et Alsace – ont également publié leur potentiel « réalisable », incluant d’autres critères tel que le seuil de rentabilité d’une éolienne, les projets déjà en cours ou encore le niveau d’opposition de la société civile. Pour ces six régions, le potentiel réalisable équivaut en moyenne à 60% du potentiel théorique. En Alsace, le taux tombe à 14%.

En extrapolant ces chiffres à toutes les régions, CDC Climat estime que le potentiel national réalisable en 2020 atteint en fait 17 GW, en-deçà de l’objectif du gouvernement. Les décisions à venir sur la réglementation, avec plusieurs modifications en cours d’examen par le Parlement, les dispositifs fiscaux ou encore les tarifs d’achat seront donc décisifs pour atteindre ou non les objectifs du Grenelle.

Source : Anne-Claire Poirier,  GreenUnivers.com
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