A Gardanne, la centrale verte d'E.ON en manque de bois
Le projet du groupe allemand pourrait être remis en question, faute d’une filière bois-énergie structurée localement. La préfecture se mobilise.
Reste à l’alimenter. La filière régionale ne fournit aujourd’hui que 450.000 tonnes de bois par an. « Il existe des gisements supplémentaires mais des contraintes physiques, sociales et psychologiques empêchent leur exploitation », indique un état des lieux réalisé par Proforbiomed, un projet européen destiné à promouvoir l’utilisation de la biomasse forestière en Méditerranée. L’étude constate un risque de pression sur la ressource. Outre Gardanne, un projet de centrale de cogénération porté par Innova dans le département voisin du Var prévoit de consommer 180.000 tonnes. De même, l’usine papetière de Tarascon, déjà principal consommateur des pinèdes de la région, « tient à sécuriser ses approvisionnements ». Elle couvre le cinquième de ses besoins dans la région.
L’étude n’est pas optimiste sur la capacité de mobilisation des ressources locales. D’un côté, les propriétaires fonciers manquent de tradition forestière, de l’autre, la menace des risques d’incendie les empêche d’accepter les coupes de bois dans leur parcelle « à cause des résidus de branches et d’aiguilles laissés sur le parterre de la coupe ». Même si des améliorations sont en cours, notent enfin les enquêteurs, « les comportements de certains opérateurs en forêt (dégâts aux chemins, aux arbres réservés, problèmes de paiement…) refroidissent les propriétaires ».
Aujourd’hui, le bois-énergie concerne une fraction faible de la récolte régionale : 20.000 tonnes. L’administration plaide pour la mise en place d’un plan de gestion contractualisé avec les propriétaires. Un dixième seulement des surfaces privées (qui constituent l’essentiel des forêts provençales) sont dotées d’un plan simple de gestion exigible au-delà de 25 hectares. Objectif : obtenir des signatures pour 270.000 hectares qui manquent à l’appel et trouver des solutions pour 630.000 hectares sans contrôle. « Mission impossible », pensent certains experts. E.ON a prévu d’utiliser 303.000 tonnes de granulés de bois importés au démarrage de l’installation. A l’heure où le groupe allemand a annoncé un vaste plan d’économie européen, la flambée de leur cours (13 % en 2011) pourrait freiner son programme.
Source : Paul Molga, Les Echos.fr
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