Réseau électrique : la France et l'Espagne vont renforcer leur interconnexion après vingt-cinq ans de discussion

Réseau électrique : la France et l'Espagne vont renforcer leur interconnexion après vingt-cinq ans de discussion

RTE a lancé hier le chantier du tunnel entre la France et l’Espagne destiné à accroître les possibilités d’échange d’électricité et à se porter secours en cas de sinistre. La mise en service de la nouvelle interconnexion, d’un coût de 700 millions d’euros, est prévue fin 2014.

Le tunnel pyrénéen, long de 8,5 kilomètres, est destiné à doubler la capacité d\'interconnexion entre la France et l\'Espagne. - Thomas Moren / Médiathèque RTE

Le tunnel pyrénéen, long de 8,5 kilomètres, est destiné à doubler la capacité d’interconnexion entre la France et l’Espagne. – Thomas Moren / Médiathèque RTE

Le chantier a enfin démarré. Inelfe, la société commune créée par les réseaux de transport d’électricité français (RTE) et espagnol (REE), a donné hier le coup d’envoi officiel, côté français, au forage du tunnel pyrénéen de 8,5 kilomètres destiné à doubler, à 2.000 MW, la capacité d’interconnexion entre la France et l’Espagne. Les Espagnols ont, de leur côté, commencé à creuser dès le printemps dernier et les équipes devraient se rejoindre en mars , pour une mise en service de la nouvelle interconnexion prévue fin 2014. A plus long terme, un autre projet franco-espagnol est à l’étude, pour porter à 4.000 MW la capacité d’échanges.

Ces interconnexions permettent de se porter secours en cas de sinistre électrique dans l’un des deux pays, mais aussi, de manière plus récurrente, d’acheter et vendre de l’électricité au meilleur prix entre voisins. Avec 46 lignes installées avec les six pays frontaliers (Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Belgique et Grande-Bretagne), la France dispose aujourd’hui d’une capacité globale d’importation d’environ 9.000 MW et de capacités d’exportation de 12.000 MW – à comparer avec une puissance installée en France dépassant 100.000 MW.

Un coût élevé

Le gestionnaire de réseau RTE évalue aujourd’hui les besoins d’interconnexion entre la France et ses voisins à environ 15.000 MW supplémentaires d’ici à 2030. Un objectif difficilement réalisable et que le projet franco-espagnol illustre bien, tant en matière de temps que de coûts. Ces chantiers requièrent en effet un temps long de négociation : les discussions franco-espagnoles ont duré… vingt-cinq ans, souligne RTE. Estimant que le délai moyen pour la réalisation d’une ligne atteint en moyenne huit ans, le gestionnaire de réseau plaide pour une « rationalisation » des procédures administratives. Le coût est par ailleurs d’autant plus élevé que l’acceptabilité sociale et environnementale pour la construction de nouvelles lignes a diminué comme le montrent les batailles judiciaires autour de la ligne à très haute tension Cotentin-Maine. Ainsi, l’interconnexion franco-espagnole devrait coûter 700 millions d’euros, financés à parité par les deux gestionnaires de réseau. Le budget du projet aurait pu être limité, selon RTE, à 80 millions si les lignes n’avaient pas dû être enterrées.

La prochaine étape du chantier des interconnexions entre la France et ses voisins sera l’amélioration, à l’horizon de 2017 et pour une capacité de 1.200 MW, des lignes avec l’Italie. Les moyens de production plus coûteux (centrales charbon ou fioul) de la péninsule l’ont rendu, de manière structurelle, importatrice d’électricité. L’interconnexion Savoie-Piémont sera moins coûteuse en travaux d’infrastructures (RTE utilisera le tunnel du Fréjus pour faire passer ses lignes), mais la distance sera presque deux fois plus longue, soit un coût anticipé un peu supérieur à celui du projet franco-espagnol.

Source : Véronique le Billon, Les Echos.fr
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